La situation carcérale en Russie a suscité une attention considérable en raison de l'évolution significative du nombre de détenus. Selon un rapport du Washington Post, la population carcérale russe connaît actuellement une baisse dramatique, ce qui peut être directement lié à la guerre en Ukraine.
Selon les déclarations du vice-ministre de la Justice, Vsevolod Vukolov, lors d'une table ronde diffusée sur le compte VK du Conseil de la Fédération russe, le nombre de détenus dans les colonies pénitentiaires russes est tombé à un niveau "historiquement bas" d'environ 266 000. Pour avoir un point de comparaison, il est important de noter que la population carcérale russe comptait près de 700 000 prisonniers il y a dix ans, soit une réduction significative. Avant l'invasion de l'Ukraine en février 2022, cette population était estimée à 420 000. Cela souligne l'ampleur de la diminution de la population carcérale au cours de ces dernières années.
La baisse du nombre de détenus en Russie n'est pas un phénomène nouveau, comme l'a souligné RBC-Ukraine. Cependant, cette tendance s'est accentuée de manière significative depuis le début de l'invasion russe en Ukraine. Le Washington Post a mis en évidence le fait que les forces russes dépendent fortement des prisonniers enlevés dans les centres pénitentiaires pour soutenir leurs opérations militaires. Cette pratique a été initiée par Eugène Prigojine, le défunt chef de la société militaire privée Wagner, dans le but d'envoyer des condamnés combattre en Ukraine. Ces détenus se sont avérés être des acteurs cruciaux dans les opérations de Wagner en Ukraine, notamment dans la prise de la ville de Bakhmout, dans l'est du pays.
Avant sa mort dans une explosion suspecte d'un avion en août 2023, Prigojine avait visité plusieurs colonies pénitentiaires dès août 2022 pour encourager les prisonniers à "expier leurs crimes par le sang" en les incitant à devenir des "hommes libres". Le Washington Post note que le Service pénitentiaire fédéral russe (FSIN) a cessé de publier des statistiques mensuelles après avoir signalé en janvier 2023 que la baisse de la population carcérale russe "avait pris fin". Cette interruption soudaine est survenue après que des données ont révélé que la population carcérale masculine avait diminué de 23 000 personnes en un mois.
Ces nouvelles données sur la réduction du nombre de détenus en Russie ont suscité des réactions au sein du système pénitentiaire du pays. Olga Romanova, directrice de l'organisation de défense des droits humains Russia Behind Bars, a qualifié cette situation de "choquante". Elle a souligné que, dans des conditions normales, le nombre de détenus devrait actuellement avoisiner les 400 000, bien en deçà du chiffre annoncé par Vukolov.
Romanova a également émis l'hypothèse que si Prigojine a recruté environ 50 000 soldats parmi les détenus, cela signifierait que le ministère de la Défense russe aurait peut-être recruté environ 100 000 condamnés pour les envoyer au front. De plus, elle a suggéré que certains détenus des centres de détention provisoires auraient été recrutés avant même d'être jugés, soulevant ainsi des questions sur les procédures légales et les droits des prisonniers.
La situation actuelle pose de nombreuses questions, notamment sur les implications de cette réduction de la population carcérale en Russie et sur les circonstances entourant le recrutement des détenus pour les opérations militaires. En outre, cela soulève des préoccupations sur les droits des détenus et sur la manière dont cette situation affecte le système judiciaire russe. Il est important de se demander comment cette évolution continuera d'affecter la société russe et le système pénitentiaire à l'avenir, et comment elle sera perçue sur la scène internationale.
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