La question de l'emploi des seniors devient une préoccupation majeure à chaque réforme des retraites. Un élément crucial à prendre en compte est que chaque année, en moyenne, environ 30 % des départs en fin de carrière ne sont pas des passages immédiats de l'emploi à la retraite. Ces départs précoces de l'emploi, qui se situent en dehors des régimes de retraite et de préretraite, résultent principalement de trois causes : des problèmes de santé, le chômage et l'inactivité.
Bien que ce phénomène soit largement connu dans son ensemble, il manquait jusqu'à présent un diagnostic précis par métier. La diversité de ces départs précoces de l'emploi est frappante, avec une représentation de plus de 40 % dans certains métiers, tandis que dans d'autres, cela ne concerne qu'environ 10 % des départs en fin de carrière. Les métiers les plus touchés se trouvent dans l'hébergement-restauration (employés polyvalents, cuisiniers), le bâtiment (second œuvre et gros œuvre), les services aux particuliers et aux collectivités (services à la personne, agents d'entretien) et la manutention. Le motif principal de ces départs varie considérablement, par exemple, 30 % des caissiers et employés de libre service partent pour des raisons de santé, tandis qu'un ouvrier qualifié de la manutention sur cinq cite l'inactivité comme raison de son départ anticipé. Parmi les quinze métiers avec les taux de départs précoces les plus élevés, dix figurent également parmi ceux dont les travailleurs déclarent le plus souvent "ne pas se sentir capables de faire le même travail jusqu'à la retraite".
En ce qui concerne le chômage et l'inactivité, les départs anticipés semblent avoir un lien modéré avec la catégorie socioprofessionnelle. Cependant, les employés et les ouvriers peu qualifiés sont surreprésentés parmi ceux qui quittent le monde du travail précocement pour des raisons de santé. Les conditions de travail contraignantes jouent un rôle dans ces départs, mais la corrélation reste modérée (0,6) : la proportion de départs anticipés est de 8 % parmi les ouvriers qualifiés de la mécanique, contre 31 % chez les ouvriers peu qualifiés de la manutention, deux métiers caractérisés par des conditions de travail exigeantes.
Améliorer les conditions de travail demeure l'un des leviers essentiels pour accroître le taux d'emploi des seniors et réduire les difficultés de recrutement dans les métiers où les départs précoces sont liés à des problèmes de santé et à des conditions de travail exigeantes. Ces constatations soulèvent des questions fondamentales sur la manière de préserver la santé et la capacité de travail des travailleurs âgés et de permettre à un nombre croissant de personnes de continuer à travailler jusqu'à l'âge de la retraite. Comment les entreprises et les gouvernements peuvent-ils collaborer pour créer un environnement de travail favorable aux travailleurs âgés, tout en assurant la viabilité des régimes de retraite et en comblant les besoins en main-d'œuvre dans des secteurs souffrant de départs précoces de l'emploi ?
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